Le Collectif de soutien aux Maliens de Montfort sur Meu

Journal "Libération" du 29/10/07

Des Maliens très désirés en Bretagne

Depuis l’interpellation de ces employés, une usine agroalimentaire tourne au ralenti.

C’était le 28 février dernier, au petit matin. Une vingtaine de Maliens en situation irrégulière, en possession de faux papiers, étaient interpellés par les gendarmes sur le chemin de leur travail, à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine). Tous employés depuis quatre à cinq ans à la Cooperl, une entreprise de découpe et d’abattage de cochons d’environ 650 salariés. Aussitôt, l’ensemble de la population de cette commune de 6 000 habitants à une trentaine de kilomètres de Rennes se mobilisait pour soutenir ces clandestins parfaitement intégrés à la vie de la commune, inscrits au club de football et dans des associations. Manifestations, pétitions, rassemblements festifs : du curé au maire, chacun plaidait pour leur régularisation.

     

«Formidables». A commencer par le directeur du site de la Cooperl, André Rouault, qui vantait les qualités professionnelles de ces Maliens dans un secteur où les tâches sont particulièrement pénibles et la main-d’œuvre rare. «Au travail, ce sont des gars formidables, déclarait-il. On les avait formés à l’abattage et la découpe. Depuis leur départ, j’ai constaté une baisse de production de 10 %.» De fait, André Rouault se disait prêt à les réembaucher une fois leur situation régularisée. Depuis, deux d’entre eux ont été expulsés vers le Mali. Un seul, grâce à une promesse d’embauche de la Cooperl, a pu retrouver Montfort. Un autre attend le feu vert du consulat français à Bamako. Les autres se sont dispersés dans la région parisienne, où certains ont retrouvé un autre travail clandestin.

Mais depuis que la loi Hortefeux et son amendement sur l’immigration économique ont été votés, tous reprennent espoir de retrouver la Bretagne, avec laquelle ils ont gardé des contacts réguliers. Car leur cas semble parfaitement correspondre aux nouvelles dispositions législatives. «On l’attendait cet amendement, se réjouit un membre du collectif pour la régularisation des travailleurs maliens de Montfort. Cela devrait nous permettre de les régulariser. Depuis que les Maliens sont partis, la Cooperl a de sérieux problèmes de recrutement. Elle souhaiterait passer à deux équipes par 24 heures pour limiter les cadences infernales actuelles et les journées à rallonge, mais elle ne peut pas le faire, faute d’effectifs suffisants».

Attente. Si le directeur du site ne souhaite plus s’exprimer publiquement, il aurait d’ores et déjà préparé des promesses d’embauches individuelles aux noms des 21 Maliens susceptibles de revenir travailler dans son usine. Reste à attendre les décrets d’application de la loi et l’aval de la préfecture d’Ille-et-Vilaine. De ce côté, tout en précisant que l’étude des dossiers des Maliens de Montfort n’a «jamais été interrompue», on s’interroge sur le contenu d’une loi qui ne bouleverserait pas forcément les textes sur la main-d’œuvre étrangère déjà existants.

Dans la bourgade bretonne, si le collectif reste prudent, la population semontre plutôt confiante. «Dans la rue, les commerces, les gens en parlent, confie un proche des Maliens. Pour eux, c’est déjà fait: ils vont revenir.»

Pierre-Henri ALLAIN



29/10/2007
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