Le Collectif de soutien aux Maliens de Montfort sur Meu

"La CGT a pris le mouvement en otage" selon les sans-papiers


Plus de 200 travailleurs sans-papiers ont entamé une nouvelle occupation
cet après-midi, à la Bourse du travail à Paris. Ils affirment que la CGT
les a menés en bateau.

par Raphaëlle Remande
LIBERATION.FR : vendredi 2 mai 2008

«La CGT a pris en otage le mouvement. Nous, on prend en otage la bourse
du travail!» Devant le bâtiment rue Charlot à Paris, Sissoko s'emporte
face à un agent de sécurité. «Je suis rage de colère», dit-il. A
l'intérieur, des groupes de sans-papiers ont investi la cour, d'autres
sont accoudés aux fenêtres. Ils chantent leurs revendications: «Nous
sommes des travailleurs, nous sommes pas dangereux», «On veut des
papiers et de la dignité».
Rien à voir, ici, avec une mobilisation traditionnelle. L'ambiance est
un peu électrique. Tous les sans-papiers présents affirment qu'ils ont
voulu rejoindre le mouvement de grève impulsé par la CGT et
l'association Droits devant! le 15 avril. Sans succès. «Nous avons eu
quatre rendez-vous avec la CGT car on voulait nous aussi faire des
occupations de lieux de travail», raconte Sissoko Anzoumane, responsable
de la coordination 75 sans-papiers. «Mais ils nous ont baladés, en nous
disant qu'il fallait attendre que Sarkozy s'exprime. Et quand ils ont eu
un rendez-vous avec le cabinet du ministère de l'immigration, ils ne
nous ont même pas prévenus.»

«Ce mouvement nous appartient»

La coordination 75, qui existe depuis une dizaine d'années, regroupe
surtout des sans-papiers et quelques soutiens. L'organisation affirme
avoir de son côté présenté 1000 dossiers pour des régularisations à la
préfecture de Paris. «On avait tout fait comme la CGT. C'était des
dossiers qui concernaient les travailleurs des 30 métiers en tension.
Mais à la préfecture, on nous a dit qu'il fallait faire des
présentations individuelles ou aller voir la CGT.»

Devant la foule, Sissoko prend le microphone: «Nous allons faire passer
le message aux médias du monde entier», crie t-il. «C'est un mouvement
qui nous appartient.» A côté de lui, Dabo Mankama acquiesce. Pour lui,
la CGT a signé un accord avec le ministère: «Le cabinet d'Hortefeux leur
a dit ok pour 800 régularisations mais ils ont demandé, en contrepartie,
de calmer le mouvement. La CGT ne s'occupe que des sans-papiers qui ont
leur carte dans leur syndicat.»

La CGT dépassée

Des responsables de la CGT finissent par arriver. L'atmosphère devient
de plus en plus tendue lorsqu'un sans-papiers lâche: «La CGT a trahi».
Raymond Chauveau, l'un des leaders du syndicat, s'avance vers lui: «Qui
ose dire cela en face de moi?» Dépassés par les événements, les
syndiqués tentent de prendre la parole mais en sont empêchés par les
huées. En aparté, Raymond Chauveau souffle: «Je comprend leur
frustration énorme. Mais pendant ce temps là, Hortefeux et Sarkozy
rigolent. On a eu quatre réunions pour leur expliquer la manière dont on
fait les choses...»

Un véritable dialogue de sourds finit par s'installer. Raymond Chauveau
commence à expliquer les débuts de la sécurité sociale à un
sans-papiers. «Comment les droits ont-il avancé?» assène t-il. Un peu
perdu, l'Africain hésite puis finit par répondre: «Moi, je veux juste
des papiers». Comme lui, la plupart des sans-papiers présents ont
l'intention d'occuper les lieux jusqu'à obtenir une réponse du ministère.

Depuis le début du mouvement, la CGT a déposé près de 1000 dossiers aux
préfectures concernées. Mercredi, trois premiers sans-papiers d'un
restaurant de Neuilly ont été régularisés.


http://www.liberation.fr/actualite/societe/324311.FR


02/05/2008
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 165 autres membres