Le Collectif de soutien aux Maliens de Montfort sur Meu

Un millier de régularisations en 6 mois !

Le nombre des régularisations de travailleurs sans papiers a dépassé le millier en six mois

 

LE MONDE | 27.09.08 | 14h20 • Mis à jour le 27.09.08 | 18h43

Le stress et le strass des Champs-Elysées n’y changent rien : le temps est long, trop long. Vendredi 26 septembre, assis sur des chaises, ils regardent passer des milliers d’étrangers se balader sur la célébrissime avenue parisienne. Depuis le 20 mai, soixante-deux travailleurs sans-papiers vivent un jour sans fin dans le restaurant Bistro romain qu’ils occupent 24 heures sur 24.

"130 jours !", rappelle Bakary Doucouré, 25 ans dont sept à "Bistro". Une banderole déployée sur la façade du restaurant résume leur état d’esprit : "Y’a pas que le carpaccio qui est à volonté, les jours de grève aussi !"

Maliens, Sénégalais, Mauritaniens, ils réclament leur régularisation. Ils ont été employés avec un faux titre de séjour dans différents restaurants franciliens de la chaîne. La direction dit l’avoir récemment découvert. Pour le moment, trente-quatre personnes ont été régularisées, quinze vont être convoquées par la préfecture, les autres prient pour l’être aussi.

"Il faut tenir le coup", raconte Christophe Cosmano. Ce maître d’hôtel, délégué syndical CGT du restaurant de La Défense, dans les Hauts-de-Seine, est en grève depuis quatre mois, par "solidarité". Leur action s’inscrit dans un mouvement de grève de travailleurs sans-papiers qui a commencé par une première vague le 15 avril, puis une seconde le 20 mai. Initiés par la CGT et l’association Droit devant !!, ces mouvements - plus de 70 entreprises concernées - ont permis, en six mois, la régularisation de plus de 1 000 salariés en situation irrégulière sur les 1 700 dossiers déposés par le syndicat dans les préfectures d’Ile-de-France.

"CE N’EST PAS GRAND-CHOSE"

Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT l’a révélé, jeudi 25 septembre, devant 4 000 personnes, au Zénith de Paris. "Mille hommes et femmes qui ne seront plus condamnés à courber l’échine au travail, à raser les murs dès qu’ils sortent dans la rue, a-t-il lancé, (...) Je le dis aux employeurs et au gouvernement : vous feriez mieux de ne pas tergiverser davantage et examiner les cas où la régularisation est incontournable."

Au ministère de l’immigration, l’entourage de Brice Hortefeux tente de minimiser l’impact du millier de régularisations. "Nous ne faisons pas de quotas, c’est du cas par cas, explique-t-on. Les personnes régularisées ont prouvé qu’elles s’étaient intégrées dans la société." "Mille en six mois, ce n’est pas grand-chose, commente un proche de M. Hortefeux. Ce n’est pas comme une régularisation massive." Mais voilà, le premier ministre, François Fillon, avait affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait que quelques "centaines de régularisations".

"Nous sommes allés les chercher, argue Raymond Chauveau, cégétiste, initiateur des mouvements de grève. En franchissant le seuil des mille, nous prouvons que le principe d’une régularisation par le travail est acté." "C’est un vrai mouvement populaire", ajoute-t-il. Il en veut pour preuve les 160 000 euros des dons apportés par des anonymes, des élus, de gauche comme de droite, pour soutenir les travailleurs sans-papiers et collectés sur leurs piquets de grève et par la CGT. Aujourd’hui, il reste près de 350 grévistes occupant une quinzaine d’entreprises : agence d’intérim, chantier de BTP.

"Ça serait bien que ces travailleurs obtiennent des papiers, explique Eric de Seguins, directeur du Bistro romain des Champs-Elysées. C’est une question de dignité humaine."

Mustapha Kessous


28/09/2008
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